Goossens, sorti de nulle part

En 1997, le Grand Prix de la ville d’Angoulême qui couronne chaque année un auteur emblématique de la profession, est pour la première fois attribué par l’ensemble de la profession. Le premier lauréat de ce nouveau mode d’élection est Daniel Goossens. C’est dire si ce discret pilier du journal Fluide Glacial est incontournable et adulé de ses pairs. Il reste pourtant mystérieusement peu connu du grand public.

super héros qui a des problèmes de chaussuresDaniel Goossens est un trésor pour happy few. Ceux qui l’apprécient en sont inconditionnels. À  commencer par Gotlib qui l’a vu arriver en 1977 avec les pages de ce qui deviendra Le Messie est revenu, où Jésus le fils de Dieu revient sur terre et va pointer au bureau de l’ANPE. Tout l’humour de Goossens est déjà là. Un humour parodique qui ne ressemble à rien d’autre. Suivra une foule d’histoires courtes, jusqu’à l’improbable Vie d’Einstein puis enfin L’Encyclopédie des bébés qui en trois volumes ne nous apprend pas grand chose sur les nouveaux nés, mais s’amuse du monde médiatico-scientifique et des débats télévisés. Parce que l’auteur se nourrit de ce qui l’entoure. Émissions de télé ou faits divers passent par sa moulinette avec la même gourmandise.

En 1993 paraît Georges et Louis racontent, premier volet d’une série qui court toujours, l’aboutissement de cette mécanique du gag où Goossens accouche de deux héros improbables, écrivains mal accordés et losers, prétextes parfaits pour raconter n’importe quel type d’histoire, ou décaler une situation pour l’amener dans une absurdité inopérante, sa marque de fabrique. Et nous, on rigole. Souvent sous cape, tantôt du coin des lèvres et parfois à chaudes larmes.

Graphiquement, c’est brillant. Le dessin ne semble pas être un problème, Goossens sait tout dessiner avec la même aisance, des décors les plus sophistiqués aux attitudes de personnage qui poseraient problème à n’importe quel dessinateur normalement constitué. Tout ça sans aucune impression de flamboyance, passant du comique goguenard au réalisme le plus maîtrisé. Malgré cette aisance, le dessin n’est qu’un outil à faire rire. L’humour est le plus souvent basé sur les dialogues et le jeu d’acteur. Il faut dire que là aussi, chaque personnage a une voix qui nous résonne à l’oreille. Une petite ligne de « rrrr » souligne certaines phrases, et la voix rauque du fumeur excessif prend corps, tandis qu’on entend vraiment le « flblblb » qu’un autre fait en soufflant dans ses lèvres contractées. De cette rencontre entre un univers visuel à la fois solide, esthétique et référencé, et des situations complètement débiles, naît une grande part du comique Goossenssien.

Cette exposition est l’occasion de découvrir la virtuosité du travail de Goossens à travers une large sélection de planches s’étalant sur toute la carrière de cet humoriste hors norme. Daniel Goossens est un génie, nous dit Édouard Baer. On ne peut que le croire.

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Du 27 au 29 octobre
Saint-Malo –
Palais du Grand Large – Salle du Grand Large

EXPOSITION Tous public

SCÉNOGRAPHIE NicobY, Olivier Maunaye

COPRODUCTION Quai des Bulles / Fluide glacial

Dates Du 27 au 29 octobre

Lieu Palais du Grand Large, Salle du Grand Large

Scénographie Nicoby, Olivier Maunaye